Willibrod Maurice Glouden naquit à Châtillon le 13 novembre 1882, fils d'Adolphe (1843 - 1905) et de Eulalie Georges (1843 - 1928) et frère du romancier Camille Athanase (1873 - 1949). Maurice grandit dans une fratrie de sept enfants dans le village de Châtillon. Son frère ainé, Athanase, dit de lui qu'il ne fit jamais de peine aux siens, que son coeur était un clavier d'une délicatesse infinie, où jouaient toutes les nuances, où vibraient toutes les émotions, où s'accordaient tous les sentiments nobles et les nobles affections. Sa famille, de religion chrétienne et très pieuse, lui insuffla le goût pour la religion. Maurice reçu ensuite un enseignement catholique au séminaire de Bastogne et passa ensuite au grand séminaire de Namur. A 24 ans, le 15 août 1907, il est ordonné prêtre à Namur par Monseigneur Heylen, évêque de Namur, qui, au moment de la première nomination de Maurice comme vicaire à Rochefort le 20 septembre 1907, dit de lui qu'il était des meilleurs du séminaire.

Il fût ensuite transféré à la chapellenie de Palenge, hameau de Durbuy puis fût nommé à la cure de Latour le 12 décembre 1912. Il conquit tout de suite l'affection de ses confrères et de ses ouailles selon les dires de son frère ainé. Le 04 août 1914, malgré la neutralité de la Belgique, les troupes allemandes pénètrent sur le territoire et avance rapidement conformément au plan Schlieffen qui consistait à attaquer les lignes françaises en passant par la Belgique.

Les combats font rage sur le territoire, belges et français se battent côte à côte contre l'envahisseur germain. Le général français Joseph Joffre pense que les lignes allemandes sont plus faibles dans les régions de l'Ardenne et du Luxembourg, ordre est donné de faire une contre-offensive en ces points et d'acculer les allemands derrière la Meuse. Les troupes françaises avancent donc en direction générale de Neufchâteau. Les divisions alliées se trouvent stoppées au sud de la Gaume. Les 20 et 21 août, les français occupent les alentours du village de Ethe et les allemands leurs font face au nord et à l'est. La zone est criblé d'obus par l'artillerie. Le 22 août, des hussards français chargent sur Ethe mais battent en retraite face à la supériorité numérique des allemands. Durant toute la journée les combats font rage dans le village et aux alentours. Les français se retrouvent encerclés au sud dans la soirée mais parviennent à se retirer. Les allemands, ayant perdus de lourds effectifs également, se retirent au nord de Ethe et déclenchent un feu d'artillerie sur le village pour couvrir leur retraite. Les troupes françaises ne tentent pas d'assaut de nuit et se retirent silencieusement vers Gomery et Ruette. Le lendemain 23 août, les allemands profitent de la retraite française vers Charency pour reprendre les villages de Ethe, Latour et Gomery.



Quand les allemands pénètrent dans Latour, ordre est donné aux civils de rester parqués dans la cour de l'école effrayés et incertains de leur sort. Les hommes sont vite requis d'aller ramasser les canons et caissons abandonnés par l'armée française la veille. L'abbé Glouden les encourage en disant : " Mes amis, souffrons cela dignement, pour la Patrie ! " et M. Laval le fermier ajouta : " Tant que nous restons avec notre curé, je ne crains rien. ". De retour, le curé donna son lit à un blessé et resta éveillé toute la nuit.
Le lendemain, Maurice Glouden fut ordonné par un général allemand de prendre avec lui tous les hommes valides et d'aller relever les blessés du champs de bataille de Ethe. L'abbé Glouden prit avec lui 73 hommes, ainsi que l'ancien curé de Latour, l'abbé Zender qui avait en sa possession un sauf-conduit de la croix rouge qui lui avait été remis par l'officier supérieur. Les hommes, en chemin vers Ethe, chargèrent au fur et à mesure les blessés sur leurs charrettes. Arrivés sur le versant de la colline donnant sur la rivière en contre-bas, ils aperçurent le village incendié et les allemands qui terminaient de déchainer leur fureur sur le village. Plusieurs soldats allemands se ruèrent tout à coup sur eux. L'un d'eux asséna un coup de crosse à l'abbé Zender qui tenta de leur montrer le sauf-conduit qui leur avait été accordé. Tous furent alignés dans la prairie voisine et furent abattus. Les survivants étaient achevés à coups de baïonnettes et seuls deux hommes furent épargnés. Au total, 71 hommes furent lâchement assassinés et enterrés dans une fosse commune dont l'abbé Glouden. La veille, un peu plus de 200 personnes, femmes, enfants, vieillards et hommes furent également fusillés dans ce même village.

L'année suivante, le 24 août 1915, une messe anniversaire fût organisée et le frère ainé de Maurice, Athanase s'y rendit et documenta les faits. Il raconte : " La messe anniversaire commence. L'églisette de Latour est incapable de contenir tout ce deuil qui déborde sous le porche, d'enfermer les vagues de sanglots et de larmes dont le flux déferle jusque sur les routes ensoleillées. Dès que le prêtre monte à l'autel, je vois ma mère s'affaisser sur son prie-Dieu et je crains un moment que la douleur de la mère ne l'emporte sur la force de la chrétienne. Tout ici ne lui rappelle-t-il pas son fils bien-aimé ? Ces ornements sacerdotaux qu'il portait dans les offices avec une dignité si grave, ce plain-chant qu'il psalmodiait de sa voix frémissante et timide, ces servants de messe qu'il stylait avec une douceur angélique, cette chaire de vérité où résonne encore un écho lointain de ces prônes si émouvants dans leur simplicité correcte et fleurie, tout cela parle de lui, tout cela garde et gardera son souvenir, mais tout cela n'est pas lui, hélas, lui ! "
Eulalie Georges, mère d'Athanase et Maurice, voulut que le corps de son défunt fils fut exhumé de la fosse commune et transférée à la tombe familiale à Châtillon mais au moment d'exhumer les corps les allemands refusèrent que l'on déterre les corps des prêtres. On menti alors aux germains en disant que Maurice Glouden était un civil de Châtillon de passage à Latour au moment de son décès. Son corps pu donc être transféré à Châtillon, dans le caveau familial.
Du mois d'août au mois de septembre 1914, l'armée allemande fit des milliers de victimes civiles fusillées dans toute la Belgique et le nord de la France. L'état-major allemand se défendit en accusant la population civile d'abriter des francs-tireurs, semant le trouble dans les villages occupés mais beaucoup s'offusquèrent de cette réponse, prouvant que dans beaucoup de cas, aucune résistance ne fût donnée et qu'il ne s'agissait que d'exécutions aléatoires. En novembre 1914, il ne restait à Latour que que 21 hommes dont 13 vieillards.






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